samedi 5 octobre à 16 heures, dans la salle Pierre Mendès France à l’Hôtel de ville de Louviers.
Par Jean-François Chauvard, professeur d’histoire moderne à l‘Université Paris I Panthéon-Sorbonne
La Venise des peintres et des écrivains, des guides et des récits de voyage est vue comme
une cité déchue à la beauté incomparable, une ville dont les habitants sont absents ou réduits à la
silhouette stylisée d’un gondolier. Pourtant, Venise était bien une ville, une grande ville faite
d’hommes, de femmes et d’enfants, dont la structure sociale et l’économie ont été durablement
affectées par la disparition de la République en 1797 et la perte de l’indépendance politique sous les
dominations française et autrichienne, avant que la Vénétie ne rejoigne l’Italie unitaire en 1866.
Que faire pour que la population, dominée par une notabilité aristocratique et bourgeoise, ne sombre
pas dans la misère ? Comment faire de Venise une ville de son temps sans la dénaturer ? Venise a
été dotée d’infrastructures de transport et de voirie qui ont changé sa physionomie et ont été pensées
comme les vecteurs de son développement. L’économie urbaine s’est tournée vers le tourisme
naissant des élites porté par l’engouement pour les activités balnéaires. Elle a aussi profité de
l’impulsion de projets industriels à la périphérie, puis sur les bords de la lagune, qui sont allés de
pair avec une politique paternaliste à destination des classes populaires. Cette entreprise de
renaissance a culminé sous la longue mandature (1895-1919) du maire Filippo Grimani, issu d’une
illustre famille patricienne, qui a cherché à conjuguer passé et modernité
Image de présentation issue du Site musée de Louviers